mercredi 12 septembre 2007

L'école et la 1ère réunion de la commission Bouchard-Taylor selon le Soleil


Étrange article dans le Soleil
au sujet de la première réunion de la commission Bouchard-Taylor.

Voici en effet comment le journaliste Raymond Giroux résume la première journée :
« S’il y a une certaine constante dans cette deuxième journée de consultations publiques de la commission, à Gatineau, c’est le refus ferme des accommodements de type religieux, à moins qu’ils ne redonnent le droit à l’enseignement catholique dans les écoles. »
Le journaliste semble vouloir disqualifier les parents catholiques en les faisant passer pour des nostalgiques qui n'admettraient qu'une religion dans les écoles publiques et privées du Québec, la catholique.

Il me semble que le journaliste a mal compris les parents catholiques qui avaient déjà fait connaître leur position par écrit sur la question :
« Une accommodation qui respecterait la liberté de religion reconnue par les chartes permettrait des options d’enseignement religieux pour toute confessionnalité où le nombre le justifie, et accepterait le choix confessionnel des écoles privées. »
On voit bien qu’il n’est pas du tout question de ne garantir que « le droit à l’enseignement catholique dans les écoles », mais bien de garantir le droit à l’enseignement catholique parmi d'autres enseignements religieux, là où le nombre le justifie.

Le journaliste ne semble pas avoir mieux compris le reste de l’intervention de ces parents catholiques quand il prétend que
« Selon leur présidente, Mme Jean Morse-Chevrier, le nouveau cours d’introduction aux cultures religieuses introduit dans les faits l’enseignement de sept autres religions, ce à quoi son groupe s’oppose. »
Mme Morse-Chevrier ne s’oppose pas à l'enseignement des autres religions de manière séparée (voir plus haut), mais à l'amalgame de ces religions et courants philosophiques comme l'athéisme dans un seul cours imposé à tous les enfants, ce qui ne peut que créer confusion chez les jeunes enfants.

Voir à nouveau ce que la présidente de l'Association des parents catholiques du Québec avait écrit auparavant dans Le Devoir et que nous avons bien entendu confirmé lors de ses interventions dans les médias (RDI et Radio-Canada ces derniers jours) :
« Devons-nous conclure devant ce témoignage que le gouvernement tenterait de changer « nos enfants » (ceux de l'État ?), les faisant passer de chrétiens (pour la grande majorité) à pluralistes? Si c'est le cas, ses intentions vont au-delà de ce qu'il annonçait dans les orientations pour ce cours lorsqu'il a eu l'appui de l'Assemblée nationale au projet de loi 95, en juin 2005. Il viserait non seulement l'ouverture à l'autre, tel que cela a été annoncé, mais chercherait à faire assimiler par l'élève la diversité morale et religieuse au moment même de sa construction identitaire. Or comment est-il possible de construire une identité personnelle pluraliste à moins de délaisser sa propre identité confessionnelle ?

[...]

Devons-nous comprendre que notre société sera meilleure lorsque ces enfants, devenus grands, seront pluralistes plutôt que chrétiens? Si c'est la position de la ministre de l'Éducation, elle devrait être appelée à en faire la preuve, avant d'imposer des contenus multireligieux à l'ensemble des élèves et avant d'expérimenter l'identité religieuse et morale des Québécois.»
C’est donc bien le pluralisme, l’amalgame de ces différentes religions présentées en même temps comme d’égales valeurs à tous les enfants qui soulèvent des difficultés. Et, soyons clair, ceci n’incommode pas uniquement les parents catholiques, car il existe bien d’autres parents qui désirent que leurs enfants apprennent d’abord à connaître leur foi avant d’apprendre, par exemple, l’idée de la mort de Dieu, concept athée inclus dans ce programme qui sera imposé aux écoles publiques du Québec ainsi qu’à celles que l’on nomme « privées ». C’est, notamment, le cas des mennonites de Roxton Falls dont les parents d’écoliers en âge scolaire ont dû se réfugier ailleurs au Canada pour échapper aux menaces de Québec. Mais gageons que certains parents juifs ne sont pas plus contents de cet enseignement religieux relativiste obligatoire dès la prochaine rentrée.

[Notons enfin ce coup de griffe inexpliqué quand le journaliste du Soleil, sans préciser de quel problème il s'agit, lance :
« À celui qui proposait comme une des clés au problème l’octroi au parent d’un vote par enfant, — un père de cinq enfants pourrait voter six fois... — , M. Bouchard a demandé s’il partagerait son vote entre les trois partis ! »
On comprend que M. Bouchard se voulait humoristique, mais M. Bouchard ferait-il la même remarque aux gens qui votent déjà plusieurs fois (par procuration au Canada et ailleurs dans le monde) ? Le vote par procuration est-il ridicule ?

Mais on croit comprendre que cette remarque du journaliste du Soleil visait à ridiculiser ceux qui dénoncent le système politique actuel où les citoyens avec peu d'enfants ont un fort poids politique. Cette critique est cependant loin d'être ridicule, car le système actuel — qui représente de plus en plus des adultes peu féconds — adopte peu de mesures en faveur des familles qui assument le lourd fardeau de former la majorité des futurs citoyens. Devant la dénatalité logique qui s'ensuit (il est plus rentable de ne pas avoir d'enfant avec le système fiscal actuel), le système tente de résoudre les problèmes démographiques par l’immigration, solution d’apparente facilité qui crée toutefois des problèmes d'intégration même au niveau scolaire. Il rechignera, de par la composition de son électorat, à envisager des politiques natalistes ce qui ne peut que prolonger ou empirer la dénatalité. Sur le suffrage familial, voir par exemple Reconnaitre les familles comme un corps social et Les femmes et les enfants aussi. Ou le droit d’être représenté par le vote familial]

4 commentaires:

Ian Marquette a dit…

Bonjour,

On dit dans le texte "Mme Morse-Chevrier ne s’oppose pas à l'enseignement des autres religions de manière séparée (voir plus haut), mais à l'amalgame de ces religions et courants philosophiques comme l'athéisme dans un seul cours imposé à tous les enfants, ce qui ne peut que créer confusion chez les jeunes enfants."

J'aimerais quand même que l'on aille plus loin dans ce que l'on qualifie de confusion.

Est-ce que de discuter le fait qu'il y a plusieurs croyances fondées sur différents témoignages mystiques est une confusion ?
Je veux dire on discute d'objet qui ont la même nature.


J'ai l'impression qu'on lance des mots comme "confusion" en l'air, mais sans vérifier que cela ait un sens.

Parlant de confusion, si vous vouliez que le créationisme qui n'a pas la même nature que la science soit enseigné dans un cours de science ... là vous pourriez appeler cela de la confusion et je vous comprendrais.


Alors que dans ce cas-ci on prend des croyances fondées sur des témoignages mystiques qui ont la même nature et ont les discutes dans un cours qui discute des croyances fondées sur des témoignages mystiques.

Pour une école libre a dit…

C'est pourtant simple.

D'une part, on a les parents qui diront ceci est la vraie foi, de l'autre part l'école qui dira toutes sont légitimes, même aucune (l'athéisme) dixit explicitement par Mme Azdoud.

Cela ne peut que causer confusion: une, aucune, toutes ?

Ian Marquette a dit…

La confusion vient des parents à mon sens.

Parce que vous vous trouvez que cela a du sens d'introduire le concept de "vraie foi" et pourquoi pas de "fausse foi" tant qu'à y être ...

Vous vous êtes capable de faire la différence entre une fausse et une vraie foi ...


À mélanger ces pauvres enfants dans les concepts de foi, croyance, fait, vérité, réalité, et maintenant avec la vraie foi ... c'est vous qui amenez de la confusion.

Je m'excuse mais j'ai vraiment un problème avec cette histoire de légitimité principalement parce que vous parlez souvent du concept de liberté et que les deux sont reliés.


En fait, si l'on croit à la liberté de religion et que on invoque celle-ci dans tout débat ... c'est que l'on doit considérer minimalement que "toutes sont légitimes, même aucune (l'athéisme)" ...

Sans cette condition de pluralité de foi religieuses légitimes il ne peut y avoir le concept de liberté religieuse.

Pourquoi refuser au enfant d'introduire le fait que plusieurs foi soient légitimes ?

Êtes vous contre la liberté religieuse ou la liberté à un seul choix au bout du compte ...

À mon sens je crois que beaucoup qui invoquent la liberté de religion ne croit pas vraiment au concept de liberté.

Anonyme a dit…

Si je comprends vous voulez faire taire les parents qui sont « le problème de la confusion » et ne laisser que l'État exprimer la vraie foie. C'est cela ? Vous n'avez pas l'impression d'être un petit peu fasciste sur le bord ?