mercredi 5 septembre 2007

L’obligation de scolarisation par l’État est-elle toujours bénéfique?


Extrait du livre Dumbing us Down (« Nous abrutir ») de John Taylor Gatto, professeur de l’année de l’État de New York (1991) :
« Notre système d’éducation obligatoire, invention de l’État de Massachusetts, date des années 1850. Il fut combattu – parfois les armes à la main – par près de 80 % de la population du Massachusetts, le dernier réduit de Barnstable au cap Cod ne rendit ses enfants que dans les années 1880 quand la milice occupa la région et les enfants furent conduits sous garde armée à l’école.

Considérons maintenant ce fait curieux : le bureau du Sénateur Ted Kennedy a récemment publié un communiqué indiquant que le taux d’alphabétisme au Massachusetts avant l’imposition de l’éducation obligatoire était proche de 98 % et que, par la suite, ce chiffre n’a jamais excédé récemment 91 %, niveau où il se stagne en 1990. » (p. 22 de l'édition de 2005, publiée chez New Society Publishers)
Gatto souligne également l'existence d'un lectorat important avide de lire en l'absence de toute scolarisation publique obligatoire :
« Le livre de Thomas Paine Le Sens commun (1776) se vendit à 600 000 exemplaires sur une population [totale des États-Unis] de 3 000 000 dont 20 % étaient des esclaves et 50 % des serviteurs sous contrat. Les colons américains étaient-ils des génies ? Non, la vérité est qu’apprendre à lire, écrire et compter peut se faire en aussi peu qu’une centaine d’heures pour autant que l’élève soit enthousiaste et avide d’apprendre. Le truc, c’est d’attendre que quelqu’un demande et d’alors foncer pendant que l’élève est enthousiaste. » (p. 12, édition 2005)
Ces chiffres sont corroborés par plusieurs témoignages cités dans Public Schools, Public Menace de Joe Turtel :
« En 1765, John Adams écrivait qu’« un Américain de naissance, plus particulièrement en Nouvelle-Angleterre, qui ne sait ni lire ni écrire est un phénomène aussi rare qu’une comète. » Jacob Duché, aumônier du Congrès en 1772, disait de ses compatriotes : « Presque tous savent lire. » Daniel Webster confirma que l’instruction en famille avait eu comme résultat l’alphabétisation quasi complète de la population quand il déclara « un adolescent de quinze ans, quel que soit son sexe, qui ne sait ni lire ni écrire, est très difficile à trouver. » Au début des années 1800, l’entrepreneur et économiste français Pierre Samuel du Pont de Nemours [...] vint en Amérique et se pencha sur l’éducation ici. Il découvrit que la plupart des jeunes Américains savaient lire, écrire et compter et que les Américains de tout âge pouvaient lire la Bible et le faisaient. Il évaluait que moins de 4 Américains sur 1000 ne savaient pas écrire de manière claire et lisible. »

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Très intéressant, bien que ce 98 % me paraissent très haut. Je veux bien qu'il fallait lire pour connaître la Bible, mais c'est exceptionnel.

Ian Marquette a dit…

Dans le texte on dit

"Considérons maintenant ce fait curieux : le bureau du Sénateur Ted Kennedy a récemment publié un communiqué indiquant que le taux d’alphabétisme au Massachusetts avant l’imposition de l’éducation obligatoire était proche de 98 % et que, par la suite, ce chiffre n’a jamais excédé récemment 91 %, niveau où il se stagne en 1990. » (p. 22 de l'édition de 2005, publiée chez New Society Publishers)"

À mon sens, il faut faire attention avec ce type de données car parfois la définition "d'alphabétisme" est dans certains cas élastique et il faut également parler de
niveau "d'alphabétisme" car en fait c'est une question de degré. Est-ce que dans les deux cas on compare vraiment la même chose ?

Souvent dans la presse on évoque des difficultés quant à la langue, par exemple comprendre un texte avec un niveau de difficulté élevé avec un vocabulaire spécialisé ou faire une dissertation dans un cours de littérature, ... et il faut faire attention à l'interprétation et faire un lien direct avec les notions de "l'alphabétisme" ou de "l'analphabétisme".

Je crois aussi qu'il ne faut pas perdre de vue également l'idée qui est derrière l'éducation oligatoire et l'effet que cela a également eu sur la poursuite des études postsecondaires.

Pour une école libre a dit…

Ian Marquette a dit :

«Je crois aussi qu'il ne faut pas perdre de vue également l'idée qui est derrière l'éducation oligatoire et l'effet que cela a également eu sur la poursuite des études postsecondaires.»

C'est une affirmation gratuite et non fondée.

L'école secondaire supérieure (après 15 ans) n'est pas obligatoire au Japon, pourtant 95% des élèves la fréquente, il en va de même de la fréquentation des universités qui n'est pas obligatoire.

Il faut apprendre à faire confiance dans le choix des gens.

Ian Marquette a dit…

Tout d'abord vous n'avez pas discuté beaucoup le questionnement que je soulevais sur "l'alphabétisme" et deuxièmement j'ai dit:

«Je crois aussi qu'il ne faut pas perdre de vue également l'idée qui est derrière l'éducation oligatoire et l'effet que cela a également eu sur la poursuite des études postsecondaires.»


Tout d'abord, je n'ai rien avancé explicitement en terme de "l'effet" qu'il y a eu car cela serait gratuit de ma part et que cela est difficile à évaluer. Toutefois le sens du message disait qu'il ne fallait pas perdre de vue "l'effet que cela a également eu sur la poursuite des études postsecondaires.» effet qui selon le sens de la phrase pourrait être positif et négatif.

Ce que cela voulait dire c'était simplement de considérer les effets sur la fréquentation aux études supérieures et pas simplement d'en faire une question "alphabétisme".

Votre exemple sur les japonais montre que c'est une question probablement complexe.


Vous parlez souvent de la langue ... J'aimerais également soulever l'aspect des connaissances en sciences et en mathématiques etc ...

Est-ce que l'obligation de scolarisation a eu un effet sur les connaissances des étudiants dans ces domaines qui sont à mon sens essentiels mais qui ne sont pas nécessairement utilisées de façon importantes dans des tâches quotidiennes.