lundi 26 mai 2008

Les classes séparées pour les garçons et les filles de plus en plus à la mode aux États-Unis



Larry Cahill, membre du Centre pour la neurobiologie de l’apprentissage et de la mémoire à l’Université de Californie à Irvine, déclare que « Nous pouvons dire avec de plus en plus de confiance que les hommes et les femmes traitent l’information de manière différente ».

Michael Gurian, thérapeute de famille à Spokane dans l’État de Washington, précise pour sa part que « ces différences signifient que, dans une classe mixte de trente élèves, cinq à sept garçons connaîtront des difficultés alors qu’on les force à s’asseoir en silence, à lire, à beaucoup écrire tout en se tenant fort occupés. »

Chaque année voit de nouvelles statistiques alarmantes confirmer les difficultés des garçons. Alors que les filles ont fait de grands progrès en mathématiques et en sciences, les garçons continuent de trainer en lecture et, plus significatif encore, en rédaction l’écart s’est même accentué dans des tests comme ceux du NAEP (National Assessment of Educational Progress).

Les garçons sont également plus enclins à décrocher de l’école. Depuis 1970, le taux d’inscription des filles à l’université a crû trois fois plus vite que celui des garçons ; à tel point qu’aujourd’hui les filles représentent 57 % des inscrits à l’université.

« Les garçons de familles à faibles revenus s’en tirent moins bien que les filles de même niveau socio-économique » précise Judith Kleinfeld, professeur de psychologie à l’Université de l’Alaska à Fairbanks.

Les écoles et les classes séparées en fonction du sexe, une solution ?

Les chercheurs de l’université Stetson en Floride ont complété un projet-pilote de trois ans qui compare classes mixtes et classes séparées pour garçons et filles dans une école primaire voisine de l’université. Les écoliers de cette école ont été affectés à une classe mixte ou à une classe unisexe de sorte que la taille et le profil démographique de ces classes soient identiques. Les résultats de ces étudiants aux tests FCAT de Floride (Florida Comprehensive Assessment Test) sont les suivants

Pourcentage des écoliers déclarés compétents selon les tests FCAT

37 % des garçons dans les classes mixtes
59 % des filles dans les classes mixtes
75 % des filles dans les classes unisexes
86 % des garçons dans les classes unisexes

Ces écoliers avaient suivi exactement le même programme dans la même école. Cette école intègre également des écoliers ayant des troubles de l’apprentissage ou un trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité. Plusieurs des élèves précédemment dits à troubles et affectés à des classes unisexes ont bien réussi les tests FCAT.

Après 4 ans d’étude, le professeur Kathy Piechura-Couture de l’université Stetson a indiqué à l’antenne de la NBC que 55 % des garçons dans les classes mixtes réussissaient les tests FCAT, alors que 85 % des garçons dans les classes pour garçons réussissaient. À nouveau, même école, même programme, même taille de classe, même profil sociodémographique.

Selon le Dr. Leonard Sax, auteur de plusieurs livres sur le sujet dont celui illustré ici, les écoles et classes séparées pour chaque sexe permettent d’abattre les stéréotypes (« les garçons sont bon en maths, les filles en poésie ») et permettent aux garçons et aux filles de transgresser ceux-ci et d’être bons dans les matières où ils ne sont pas supposés exceller. Les écoles et classes séparant les sexes permettent souvent aux filles de s’exprimer plus librement. Quant aux garçons, une pédagogie qui tient plus en compte leur besoin d’activité physique leur permettrait de mieux réussir à leur propre rythme.

Croissance des classes et écoles de même sexe dans le secteur public

Alors que les écoles ou classes séparées pour les garçons et les filles existent depuis longtemps dans le secteur privé de l’éducation aux États-Unis, le titre IX des Amendements à l’enseignement de 1972 avait en pratique interdit la création de telles classes dans le secteur public puisqu’elles étaient désormais considérées comme une forme de discrimination sexuelle et privaient les écoles en contravention de subsides.

Le titre IX a été modifié à la fin 2006 et il est désormais nettement plus facile de créer des écoles et des classes de même sexe à titre volontaire.

En 1995, il n’existait que deux écoles publiques séparant les sexes aux États-Unis. Personne ne connaît exactement le nombre d’écoles ou de classes séparant les sexes aux États-Unis, mais selon le Dr Sax, il y en aurait plus de 360 et leur nombre serait en forte croissance.