jeudi 5 février 2009

Dérive des programmes officiels en Grande-Bretagne

Propagande d'un autre âgeSelon l'ancien directeur de l'Ofsted, l'inspecteur général des écoles publiques anglaises, les programmes traditionnels ont été transformés en « propagande » dans l'espoir de résoudre des problèmes sociaux profondément enracinés, plutôt que de se concentrer sur la transmission du savoir.

Chris Woodhead, ancien inspecteur général des écoles publiques anglaises, affirme que les gouvernements successifs et le corps enseignant se sont entendus pour réduire le contenu scolaire des programmes afin de rendre, selon eux, les programmes plus utiles et plus pertinents aux yeux des élèves.

M. Woodhead a fait ces commentaires en marge du lancement en septembre du nouveau programme d'études religieuses pour le GCSE (certificat d'études destiné aux élèves de 16 ans) qui abordent des problèmes comme : 
  1. l’homosexualité;
  2. l’environnement;
  3. le mariage civil;
  4. la pauvreté;
  5. le commerce équitable
à travers le prisme de différentes religions.

Dans un discours prononcé à l'école Charterhouse (Surrey), le professeur Woodhead a cité l'exemple du programme de géographie qui vise désormais à transformer les enfants en des « citoyens planétaires » aux dépens de l'étude objective de la Terre.

« Je pense qu'il existe une distinction entre l'éducation et la propagande, et c'est une des principales raisons pour laquelle tant d'écoles délaissent aujourd'hui le CGSE », a-t-il ajouté. Il faut préciser qu'en Angleterre les prestigieuses écoles privées ne suivent pas le programme gouvernemental. Une liberté inouïe au Québec.

« Les politiques semblent penser que les écoles et les enseignants doivent résoudre les maux de de la Terre. Il suffirait de se décharger sur l'école de tous les problèmes sociaux insolubles et la laisser les résoudre. L'école devrait enseigner ce que les enfants ne connaissent pas, pas tenter de créer de futurs citoyens engagés et responsables. »

Les classes de géographie sacrifiées sur l'autel des causes à la mode

Ce changement d'orientation signifie que l'on prive les élèves d'un « savoir géographique et de compétences dont ils ont besoin pour comprendre le monde » affirme Alex Standish, ancien professeur d'école secondaire en Angleterre, aujourd'hui professeur à la Western Connecticut University aux États-Unis.

Dans son livre, Global Perspectives in the Geography Curriculum, il révèle qu'un des comités nationaux chargés de l'organisation des examens consacre une grande partie du programme de géographie du GCSE à la « gestion écologique ».

Un autre comité national a prescrit dans un test aux élèves de décrire en détail une « méthode de développement durable du tourisme », alors que certaines écoles vantent désormais les vertus liées à l'achat de produits équitables.

En 2007, le gouvernement travailliste avait décidé d'envoyer le film Une vérité qui dérange d'Al Gore à toutes les écoles publiques. Ce film décrit les prévisions climatiques de l'ancien vice-président américain liées au réchauffement climatique.

M. Standish déclare que, depuis la fin des années 90, on assiste à « une destruction dramatique des fondements de cette discipline » alors qu'on a réduit le nombre d'heures consacrées à l'étude des formations géologiques et hydrographiques, du climat, de la population, de l'urbanisation, du développement, de la Grande-Bretagne et du monde.

Matières traditionnelles détournées en faveur de causes progressistes

Les leçons de science ont dégénéré en débats sur le réchauffement climatique et les récoltes OGM, plutôt que des leçons scientifiques objectives déplore le cercle de réflexion Civitas dans son rapport The Corruption of the Curriculum (La corruption du programme d'études).

En anglais, les élèves sont sevrés des auteurs classiques et orientés vers des auteurs modernes « plus pertinents ». C’est ainsi que, au nom de l’égalité entre les sexes et la lutte contre le racisme, un des comités nationaux chargés de l'organisation des examens a établi une liste d’auteurs du monde entier, mais qui ne comprend aucun poète anglais ou gallois.

Le rapport affirme que le programme scolaire a été « vicié pour des raisons politiques » et les cours détournés pour faire la promotion de causes dites progressistes comme le souci d'équité entre les sexes, l’écologie et l’antiracisme.

Correctivisme historique et médiatisation des sciences

Selon Veritas, plutôt que de fournir de l‘information impartiale, les écoles transmettent bien trop souvent un message idéologique et privent ainsi les élèves d’une instruction scolaire rigoureuse.

La manière dont les sciences sont enseignées tient plus de l’étude des médias que de l’apprentissage rigoureux de connaissances objectives. On débat désormais en classe de sciences de l’avortement, de la thérapie génique et de l’utilisation du nucléaire alors que les exercices pratiques en laboratoire passent à la trappe. Selon ce rapport, les écoles privées fourniront encore plus de futurs scientifiques, car le nouveau programme de science de l’État prépare mal les élèves des écoles publiques à la carrière scientifique.

Le rapport affirme que l’histoire est « enseignée à travers un prisme politiquement correct » et néglige l’enseignement chronologique qui donne un sens au récit historique.

C'est ainsi que les adolescents de seize ans qui passent l’examen du GCSE doivent écrire des compositions sur les atrocités du 11 septembre en se basant sur des dépêches de la presse arabe et des déclarations d’Ossama ben Laden, sans qu’on leur propose de sources américaines pour présenter les deux côtés de ces événements.

Abandon du programme officiel par les écoles indépendantes

Plus de la moitié des écoles privées anglaises a abandonné le programme officiel (GCSE) au profit du programme dit « international » (IGCSE) pour au moins une des matières au programme, le plus souvent les mathématiques et l’anglais. L’IGCSE est considéré comme plus traditionnel.

Réaction du gouvernement travailliste

Le ministère de l’Éducation s’est porté à la défense des changements intervenus dans le programme officiel et a accusé le rapport de Civitas « d’être le fruit d’une compréhension profondément erronée du programme d’études national et des méthodes d’enseignement modernes. »

Utilisant la vieille ficelle de se réfugier derrière les jeunes élèves, un porte-parole du ministère a déclaré qu’« il est insultant pour les élèves et les professeurs qui travaillent dur de dire que le système éducatif ne sert plus que des buts politiques et sociaux. »

Sources : plusieurs articles du Daily Telegraph et la BBC.

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