jeudi 15 octobre 2009

Cardinal Ouellet : les commissions scolaires ne peuvent plus s'appuyer sur les évêques pour refuser les demandes d'exemption

Billet du Cardinal Ouellet paru dans Le Soleil du 11 octobre 2009 :

L’ÉDUCATION À LA LIBERTÉ FONDE LA DÉMOCRATIE

Le mois dernier, le Centre de réadaptation Ubald-Villeneuve lançait sa campagne de financement pour venir en aide aux personnes souffrant de diverses dépendances : alcool, drogues, jeux, etc. J’étais heureux d’apporter l’offrande du clergé de Québec à cette œuvre qui restaure la liberté des individus victimes de l’un ou l’autre esclavage. J’invite la population à encourager les responsables et les bénévoles de cette œuvre. Leur expertise d’éducation à la liberté répond à un pressant besoin.

La liberté est la valeur suprême de la modernité. C’est en son nom qu’on a fait toutes les révolutions et qu’on promeut partout la démocratie. De nos jours, la démocratie est en crise. Voyez les questions éthiques qui assaillent les milieux financiers, les syndicats et les partis politiques ! Par ailleurs, on ne sait plus comment concilier les libertés individuelles et le bien commun. Le rapport de l’État à la religion est au cœur de cette crise. Comment l’État intègre-t-il le religieux dans l’organisation de la société civile ? En le reléguant dans la sphère privée ? En imposant une interprétation laïque uniforme du phénomène religieux à tous les citoyens ? Ni l’un ni l’autre ne satisfait l’idéal moderne de la liberté.

Cette crise de la démocratie affecte les rapports de l’Église et de l’État.

L’Assemblée des évêques a dû se résigner devant la décision du gouvernement d’imposer unilatéralement le cours d’Éthique et de Culture religieuse (ÉCR) qui a supprimé la liberté de choix des parents. Le malaise éclate quand cette position modérée est largement utilisée pour débouter les demandes légitimes d’exemption des parents. La décision du juge Dubois dans le procès de Drummondville et son argumentaire accentue ce malaise. Comment puis-je rester silencieux face à la perte des acquis de liberté en éducation au profit d’une pensée unique qui impose sa loi à tous les citoyens et citoyennes ?

Au début des années 80 en France, le président François Mitterand et son gouvernement socialiste projetèrent d’en finir avec le système d’écoles libres financées par l’État. Deux millions de personnes descendirent dans la rue à Paris le 24 juin 1984 pour défendre le droit des parents à la liberté en éducation. Mitterand dut reculer, le premier ministre et le ministre de l’éducation démissionnèrent, et la page fut tournée. Des projets et des opinions semblables circulent au Québec. Évidemment le Québec n’est pas la France, mais il y enracine sa démocratie qui compose ici avec d’autres héritages, notamment avec l’idéal de liberté religieuse qui a fait naître les États-Unis d’Amérique.

Le 15 septembre 2009, les évêques ont transmis à la ministre de l’Éducation une critique de la mise en œuvre du cours ÉCR depuis un an : les parents sont mal informés, les maîtres ne sont pas adéquatement formés et la prédominance promise à l’héritage judéo-chrétien n’est pas appliquée. Après cette critique, les commissions scolaires ne peuvent plus s’appuyer sur la position des évêques pour refuser sans examen les demandes d’exemption. Je leur demande donc d’accueillir et d’évaluer chaque requête des parents de mon diocèse afin que leur liberté de conscience soit intégralement respectée.

Les dépendances multiples qui flagellent une proportion inquiétante de notre population réclament un effort collectif pour restaurer la liberté de nos frères et sœurs malheureux et pour améliorer le « vivre-ensemble » de la société québécoise en quête de valeurs. La crise de la démocratie chez nous s’enracine dans une crise de l’éducation à la liberté. Croyez-vous qu’en limitant la liberté des parents on s’achemine vers un renouveau de la démocratie ?






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3 commentaires:

Anonyme a dit…

Une chance qu'il est là, lui. N'empêche, la dernière prise de position des évêques reste beaucoup trop inconsistante: nos courageux pasteurs écrivent qu'il faut prendre en compte le fait que des parents réclament de pouvoir être exemptés. Mais au lieu d'en conclure que les droits de ceux-ci doivent être respectés et de réclamer du gouvernement qu'il cesse de mettre obtacle aux demandes d'exemption, ils se contentent de demander des corrections au programme ECR. Décidément, ils ont peur de déplaire à l'État, mais se fichent de décevoir les catholiques qui vont encore à la messe et paient la quête. Honteux.

Bernard Couture a dit…

Dieu bénisse le cardinal Ouellet. Il est la personnalité catholique la plus importante du Canada, et une véritable bénédiction pour les catholiques du Québec, particulièrement abandonnés et vulnérables.

Romanus a dit…

Une chance qu'on à le cardinal Ouellette.

Pour la Conférence des évêques catholiques du Québec, avec quelques petits ajustements au programme ECR, tout sera pour le mieux dans le meilleur des mondes.