dimanche 27 mars 2011

Toutes nos origines enrichissent le Québec... en oubliant la vaste majorité de celles-ci

Alors que, dans le sillage du succès de librairie Le Remède imaginaire, de plus en plus de voix (Facal, Bock-Côté, etc.) déclarent que l'immigration ne résoudra ni les problèmes démographiques ni les difficultés économiques du Québec, le gouvernement lance une autre campagne en faveur de l'immigration (voir la précédente) avec l'argent des contribuables québécois.


Sous le titre de « Toutes nos origines », le gouvernement représente des Québécois de toutes origines, en oubliant l'immense majorité canadienne-française, ainsi d'ailleurs que les anglophones anglo-protestants du Québec. On peut faire mieux pour faire inclusif.


P.-D G. d'origine marocaine
Propriétaire de restaurant d'origine bulgare
Informaticien d'origine vénézuélienne
Conseillère en « amélioration continue » d'origine haïtienne
L'immense majorité

Cette campagne n'est pas sans rappeler un site officiel de ressources pédagogiques sur le programme d'éthique et culture religieuse qui présentait « des entrevues avec des représentants de différentes traditions religieuses que l'on trouve au Québec.  Ces personnes présentent les grandes caractéristiques de leur tradition ». Ne manquait bizarrement que la majoritaire : rien sur le christianisme. Toujours cet effacement de la majorité historique voulu, cette xénophilie déjà un peu désuète alors que les peuples minoritaires ont tendance à se tourner vers leurs racines pour lutter contre le sentiment d'aliénation qui accompagne la mondialisation. Qu'on nous comprenne bien : il ne s'agit pas de cautionner ici la xénophobie, mais de condamner l'effacement de la majorité voulu par l'« élite ».

Capture d'écran globale de ce site au 27 mars :


(Cliquez sur l'image ci-dessus pour l'agrandir)

Détails :






En outre, il n'est pas du tout évident que ces profils de gagnants convainquent quiconque. Il s'agit de personnes savamment choisies et ces réussites réelles, sans doute, ne sont qu'anecdotiques quand on les compare au chômage qui frappe nettement plus les immigrants que les Québécois de naissance, aux revenus réels en baisse des immigrés récents par rapport aux immigrants établis depuis peu, mais il y a 30 ans. Peu de gens sont dupes. Pourquoi encore faire de telles campagnes ?

En effet, si le chômage moyen au Québec se situe autour de 8,5 %, la situation est toute autre pour les Maghrébins où le chômage frôle les 28 % — pour les immigrants qui sont ici depuis moins de cinq ans. Seuls les immigrants provenant de l'Afrique noire — taux de chômage de 20 % — et les Haïtiens — à 17,8 % — s'approchent de ce triste score. Toutes des catégories francophones que le Québec privilégie.

 En outre si, en 1980, les nouveaux immigrants de sexe masculin qui avaient un revenu d'emploi gagnaient 85 cents pour chaque dollar de revenu d'emploi des hommes nés au Canada. En 2005, ils n'en gagnaient plus que 63. Chez les nouvelles immigrantes, les chiffres correspondants étaient de 85 cents et de 56 cents respectivement. Enfin, les choses ne s'améliorent pas pour tous les immigrants de deuxième génération. En effet, selon une étude récente de Statistiques Canada, toutes choses étant égales par ailleurs, certains hommes de minorités visibles dont les deux parents sont immigrants semblaient avoir un désavantage significatif au chapitre des gains comparativement à leurs pairs dont les parents sont nés au Canada.

  Voir aussi :
  1. L'immigration paiera-t-elle les retraites, enrichit-elle les pays d'accueil ?
      
  2. Nouvelle campagne pour l'immigration... aucune pour la natalité...
      
  3. Tant les politiques d'assimilation « républicaines» que celles multiculturelles ont échoué
      
  4. Un Québec de plus en plus divers, est-ce vraiment une bonne chose ?
      
  5. Québec ne connaît pas sa capacité d'accueil d'immigrants et évalue mal le dossier d'un immigrant sur deux


2 commentaires:

Herjulfr a dit…

Je me demande quel est le taux de chômage moyen des norvégiens qui habitent au Québec depuis moins de cinq ans...

Par Odin a dit…

Vu sur le Québécois Libre :


Décidément, l’État est en mode «discussion» ces jours-ci. Plusieurs campagnes de publicité/sensibilisation – ces campagnes dites «sociétales» dont le but n’est pas de vendre un produit, mais un comportement – sont en cours. Celle sur les agressions sexuelles, celle sur la consommation de pot, d’alcool, les ITS et le jeu chez les jeunes, celle sur l’usage du texto au volant, celle sur le métro qui sauve la planète, celle sur le don d’organe, celle pour freiner la transmission des ITSS (vous les trouverez sur le Net si ça vous chante, je ne leur ferai pas de pub ici). Et comme si ça n’était pas assez, l’État se lance maintenant dans la production de webséries documentaires.

Depuis ce matin, on peut lire sur toutesnosorigines.gouv.qc.ca: «Le Québec est prospère, riche des gens qui l’habitent et de leurs histoires. Voulant démontrer l’apport des personnes immigrantes à notre société, nous sommes partis à la rencontre de modèles inspirants qui, avec beaucoup de générosité, ont accepté de témoigner. De là est né le projet Toutes nos origines. Cette websérie documentaire est un portrait réel de Québécoises et de Québécois d’origines diverses qui enrichissent le Québec à leur façon. Des histoires uniques, racontées très humainement par eux et par des personnes qui les côtoient au quotidien.»

Imaginez. Les files d’attente sont toujours de plus en plus longues dans les hôpitaux, les infrastructures croulent partout à travers la province, des vieux en centre d’accueil n’ont souvent même pas droit à un bain par semaine, la moitié de la paye des familles québécoises passe en impôts et taxes de toutes sortes, et cetera, et que font nos élus: ils dépensent des millions dans des campagnes de sensibilisation et des webséries documentaires. Il faut redistribuer la richesse, qu’ils disent. On la redistribue vers les agences de publicité et les maisons de production, oui. Scandaleux.