mardi 18 mai 2010

George Leroux : L’État doit viser à déstabiliser les systèmes absolutistes de croyance

Georges Leroux, philosophe et professeur à la retraite de l’UQAM, a présenté : Les enjeux de l’éducation au pluralisme. Un résumé par Jean Morse-Chevrier, selon les notes prises lors du colloque ACFAS qui se tenait la semaine passée à Montréal. (On trouve sur la page du colloque de brefs résumés officiels des interventions.)

M. Leroux a expliqué que sa conférence traiterait de sa recherche récente à partir des écrits sur la philosophie et la politique aux États-Unis. En voici un résumé.

Il y a trois catégories d’objections au cours ECR :
  • premièrement, en fonction de la liberté de conscience, objection qui mène à la demande d’exemption et aux démarches en justice ;

  • la deuxième, en faveur de politiques pour la laïcité, soutenue par le Mouvement laïc québécois ;

  • la troisième en fonction de l’endoctrinement multiculturaliste, soutenue par le Parti Québécois.
Ceux qui s’opposent n’adhèrent pas à l’argumentaire qui soutient les deux finalités du programme, soit la reconnaissance de l’autre et le bien commun. Ces finalités suscitent de la résistance. Il faut donc se poser la question, à savoir s’il y a des lacunes auxquelles il faut répondre.

La philosophie sur l’éducation publique aux États-Unis pose les mêmes questions auxquelles le Québec est confronté. Leur système juridique est acculé aux mêmes défis. Leurs réflexions peuvent donc nous être utiles.

Trois penseurs américains sur le « Public Philosophy », c’est-à-dire le rôle de l’État en éducation, peuvent être pertinents à ce propos. Diane L. Moore, théologienne et professeure de Divinity à Harvard, a écrit un livre intitulé : Overcoming religious illiteracy : a cultural studies approach to the study of religion in secondary education, publié chez Palgrave MacMillan en 2007. Eamonn Callan, pour sa part, a écrit le livre Creating citizens (2004) sur la contribution des connaissances religieuses dans l’éducation publique. Stephen Macedo a écrit le livre Diversity and distrust : civic education in a multicultural democracy (2000), un chef-d'œuvre, mais plus controversé, qui propose la place précise pour la religion dans l’éducation publique. [Note du carnet : pour une recension du livre de Macedo, lire Civics Lesson]

L’objection concernant la liberté de conscience était prévisible. Le rapport de la commission Bouchard Taylor a fait au sujet d’ÉCR une recommandation de soutien à son implantation. Malheureusement, le rapport n’a pas produit un chapitre sur l’éducation. On a vu que les parents qui sont contre le cours ECR sont aussi contre les accommodements raisonnables. [!?!?]

Le recours des parents en Cour supérieure résulte d’une philosophie de relativisation, repose sur le relativisme et n’est pas bienveillant envers le pluralisme. Or le pluralisme normatif est une contribution positive et mène à une délibération objective. Mais il est perçu comme un obstacle à la transmission d’une vérité unique dans le cadre d’une religion.

Les principes invoqués par les parents sont que la promotion d’ÉCR par l’État (avec le relativisme) équivaut à une intervention de l’État dans l’éducation. ÉCR serait une utopie volontariste, serait totalitaire et imposerait l’athéisme [note du carnet: non, pas nécessairement]. De plus, la diversité religieuse ne serait présente qu'à Montréal. ÉCR serait l’argument moderne de la priorité de l’État sur la liberté individuelle. Mme Martha Nussbaum, dans Liberty of conscience (2008) écrit au sujet de l'instruction à la maison et pose la question de la direction à prendre. Les objections s’attaquent à la laïcité. On veut l’école confessionnelle avec l’enseignement religieux ou rien.

Aux États-Unis, des penseurs démontrent les bienfaits de l’enseignement culturel et pourquoi l’État a raison de l'imposer. C’est le libéralisme politique américain versus le droit parental exclusif à l’éducation. Dans sa forme extrême, la liberté réclamée par les parents s’oppose à la présence d'autres enfants, de convictions religieuses autres. [Note du carnet : chez qui au Québec, les opposants au cours d'ECR ?], L’article 41 modifié de la Charte québécoise pour les droits et libertés reconnaît que maintenant le droit et le devoir de l’éducation religieuse revient aux parents. [Note : Cela a toujours été le cas, mais auparavant l'école était également au service des parents, aujourd'hui elle est de plus en plus au service de l'État pour « former des citoyens ».]

Au sujet de l’ingérence de l’État, selon Diane Moore, les parents veulent un milieu sécurisé pour leurs enfants et résistent à tout environnement où les enfants sont exposés à d’autres tendances. Mais, l’État doit viser un environnement poreux à la diversité. Par la présentation de la diversité, on peut déstabiliser les systèmes absolutistes de croyance et visions de vie bonne. On vise le respect de la complexité des visions. L’éducation va faire dépasser la vision minimale.

Selon Stephen Macedo, la religious literacy est une thérapie essentielle. Face à l’ignorance des religions en tant que telles (des systèmes diversifiés de croyances et de pratiques) et l’ignorance philosophique (des visions sociales et politiques), il faut une connaissance non sectarian (de la philosophie, la littérature et la religion).

Selon les arguments principaux de Diane Moore, la compréhension des croyances, des visions religieuses et de la culture religieuse est nécessaire, donne des cadres alternatifs pour critiquer le normatif, favorise le développement d’une imagination culturelle et morale et favorise l’ouverture et la tolérance.

Certains Québécois, comme la journaliste Josée Legault, semblent stupéfaits que l’éducation ait d’autres finalités que l’instruction. Cependant, le Programme de formation de l’école québécoise le reconnaît. [Note du carnet : ce n'est pas une preuve du bien-fondé de ces autres finalités.]

Selon un premier principe, l’éducation démocratique doit promouvoir l’apprentissage des droits et devoirs de la démocratie et favoriser le dialogue sur la démocratie, d’où découle la nécessité d’accepter de délibérer au sujet des valeurs. Cela implique la connaissance de valeurs différentes et d’autres religions.

À la question : qui est responsable de l’éducation démocratique, Cannan et Macedo répondent, pas seulement les individus et les familles et pas l’État seul. Les États-Unis sont en route vers « la concertation » entre trois acteurs : l’État, les familles et les individus. Ils reconnaissent la valeur des familles et l’idéal de leur participation. L’autorité parentale versus l’autorité de l’État a été plus discutée au tribunal.

Un argument à développer : l’État ne peut pas omettre la délibération démocratique. Les parents doivent être empêchés de limiter l’accès des enfants à la délibération démocratique. Il faut voir la richesse de la délibération au sujet de la diversité par rapport à la fidélité à l’autorité, à la tradition, à la famille.

Commentaire par Jean Morse-Chevrier : à la suite de cette présentation, Mme Chevrier a fait valoir à M. Leroux que l’Association des parents catholiques du Québec ne s’est jamais prononcée contre les accommodements raisonnables dans la société. Elle a ajouté qu’il est faux de prétendre que les parents qui sont contre le programme ECR ne veulent pas que leurs enfants s’associent aux enfants de d’autres religions. M. Leroux a répondu à ce dernier commentaire que ses remarques à cet effet s’appliquaient aux parents des États-Unis.




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3 commentaires:

Jean Peuplut a dit…

Leroux a vraiment des accents très autoritaires, liberticides.

Romanus a dit…

"L’État doit viser à destabiliser les systèmes absolutistes de croyance"

... pour établir le sien...

Anonyme a dit…

Georges Leroux est un dangereux fasciste...

Il idéalise le rôle et justifie à l'avance toutes ses tentatives d'endoctrinement en remplaçant les valeurs identitaires par celle d'une superclasse de philosophes comme lui (comme c'est bizarre) qui décideraient ce qu'il faut apprendre ou non à l'école.

En quoi ce rôle de l'Überphilosophe est-il démocratique ?

Pas de réponse de la part de Leroux si ce n'est que les intentions de l'Überphilosophe sont bonnes car il veut imposer la « démocratie » à l'école.

Pourquoi ? Pour s'opposer aux valeurs des parents, pour les neutraliser car elles empêchent l'Überphilosophe de voir se réaliser sa société idéale : une société radoteuse, sans repères stables, qui débat sans cesse, oh, comme c'est stimulant (pour l'überphilosophe ergoteur qui ratiocine sans cesse dans son étude entre le buste d'un ancien Grec et l'icône de Saint-Michel, hein George ?)